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Les vacances des émigrés algériens d’Italie : De retour au bled


Invité salimdz

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Invité salimdz

Les vacances des émigrés algériens d’Italie : De retour au bled

 

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Depuis quelques années, nos émigrés d’Italie passent immanquablement leurs vacances d’été au pays. Dès la fermeture des écoles italiennes au début du mois de juin, les familles algériennes et les couples mixtes embarquent bambins et bagages sur le premier vol pour l’Algérie.

Rome : De notre correspondante

Les hôtesses d’Air Algérie font de leur mieux pour assister les mères en hidjab qui tentent de calmer des enfants brailleurs. Seul l’accent annabi ou algérois différencie les émigrés de première génération de ceux qui ne s’expriment plus que dans la langue de Dante, affublée d’une cadence napolitaine ou sarde. Les Algériens qui résident en Italie se considèrent mieux lotis, malgré la « ghorba », que leurs concitoyens vivant ailleurs. Des vols quotidiens à destination d’Alger pas toujours pleins et la brève durée (1 h 20) du voyage incitent les algerini d’Italia à rentrer chez eux pour le congé annuel ou pour la fête de l’Aïd. Pour certains, c’est l’occasion idéale pour retrouver la grande famille et renouer avec ses origines. Pour d’autres, les tarifs exorbitants affichés par les voyagistes italiens dissuadent de toute autre destination. Même une simple journée sur les plages de la péninsule, avec les enfants, revient à pas moins de 80 euros par famille. Et si les ménages italiens à faible et moyen revenus ont renoncé à passer une quinzaine à la mer, les émigrés algériens, tunisiens, marocains et égyptiens sont contents de mettre les pieds dans l’eau durant tout un mois et au moindre frais. Et même si le sentiment bienfaisant d’être enfin parmi les siens efface tous les autres causés par les tracasseries pour ceux habitués à la « normalité européenne », au bout d’une semaine de bienveillance et d’extase, la patience de certains commence à fléchir.

 

Pour les algérois être contraints à fréquenter les quelques plages, sales (très sales) ouvertes au grand public, alors que pour les autres, il faut être l’heureux invité d’un officier de l’armée (Club des Pins, Sidi Fredj.....), est source de véritables frustrations. Rien d’agréable non plus à se sentir l’objet de regards insistants pour les femmes arborant la tenue ordinaire de qui veut se baigner : bikini ou maillot de bain. Nager parmi des détritus de toutes sortes et marcher sur des objets non-identifiés finissent par lasser les plus optimistes. Les enfants réclament des glaces et les parents sautent sur l’occasion pour plier parasols et paréos. A la crémerie du coin, la fumée provenant des viandes grillées des fourneaux jouxtant le frigo, vous fait fondre de chaleur, mais la joie des enfants, qui attendant leurs délices, vous rend stoïque. Lorsque les pots de glace arrivent enfin, ils ressemblent plus à une purée tiède qu’à autre chose. Sur le chemin, une autre aventure vous attend. Arriver sains et saufs chez soi relève du miracle. malgré les nombreux barrages dressés par les forces de l’ordre sur les principales autoroutes, les chauffards vous donnent froid dans le dos. Il y a ceux qui vous coupent la route, changent trois fois de voie sans aucune signalisation, d’autres qui vous collent au pare-chocs, faisant fi de la distance de sécurité, et ceux qui jettent toutes sortes d’« obus » par les fenêtres. Les couples mixtes se voient confrontés, à l’occasion des vacances au bled, à un véritable test de survie.

 

Si les statistiques affirment que la plupart des ménages se brisent à la veille des vacances, il y a lieu d’ajouter que survivre à un séjour au pays pour les algériens mariés à des étrangers est preuve d’un amour indestructible, car les moins exigeants et râleurs finissent par remettre en cause votre fanatisme lorsqu’il s’agit de commenter tout ce qui touche au pays. Nier l’évidence ne mène à rien. Les touristes algériens sont hantés par plusieurs requêtes légitimes de leur douce moitié. Ils en arrivent à faire des cauchemars. Pourvu qu’elle (il) ne me demande pas de l’emmener dîner dans un restaurant où on « peut manger algérien ». Pourquoi ne se contente-t-elle (il) pas de la chorba frik et de la chekchouka de votre mère ? C’est simple, à Alger les restaurants, qu’ils s’appellent « Chez Rachid », « chez Rabah » ou « Le Satisfait », s’entêtent tous à servir la même chose, à savoir une cuisine internationale, souvent de préparation douteuse, que vous payez 3000 ou 30 000 DA pour un dîner, la qualité est la même : désastreuse. Les rares établissements qui servent des plats traditionnels dans un cadre agréable affichent des prix exorbitants, même pour un touriste qui raisonne en euros. Restent les gargotes et les abattoirs que vous fréquentiez avec vos potes d’antan, en cachette de votre douce moitié.

 

Pas question de l’y emmener, mieux vaut ne pas tenter le diable. Heureusement que les restaurants qui servent exclusivement du poisson sur les côtes sont fréquentables au déjeuner. Le soir, une autre clientèle s’y installe et ce serait trop long d’expliquer à votre dulcinée, qui vous demandera pourquoi une femme ne peut-elle pas entrer dans un café à la Pérouse pour y déguster un thé à la menthe ? Il faut dire qu’elle vous surveille de près depuis qu’un policier vous a demandé de le suivre avec votre véhicule, après vous avoir confisqué vos documents. Vous aviez garé votre voiture devant la fac centrale pour y déposer votre nièce, l’espace de trente secondes. Mais monsieur l’agent ne veut rien savoir, il vous demande de le suivre. Humilié, honteux, sous le regard inquisiteur de votre douce moitié, qui commence à se demander si elle ne s’est pas unie à un terroriste. Vous vous êtes exécutés pour vous retrouver à la fourrière avec votre véhicule. C’est le seul pays au monde, comme dirait votre ami Nadhir, où c’est le contrevenant qui emmène volontairement sa voiture à la fourrière.

 

Juré, les prochaines vacances, ghorba ou pas, après avoir examiné toutes les offres de séjours paradisiaques, consulté toutes les « Last minutes » et repoussé les invitations généreuses de vos amis installés de par le monde, qu’on vous crache dessus, si au mois de juillet, on ne vous voit pas vautré sous le parasol bariolé blanc bleu, loué à 200 Da, à Palm Beach. Marcher sur les algues moisies, tentant avec mille acrobaties de toucher l’eau bouillonnante pour vous y immerger, sous les applaudissements amusés de vos neveux et le regard charitable de votre douce moitié, qui ne vous demandera plus alors, « On va où, ce soir ? ». Elle (il) s’est résignée à partager le pire avec vous un mois durant. Après tout, ne donnez-vous pas le meilleur de vous même durant les onze mois restants ? Question de nif et de patriotisme ! (du masochisme à l’état pur). Dépenser vos euros au Maroc ou en Tunisie ou même au pays des pharaons, vous n’y pensez même pas. Il suffit de fermer les yeux et de rêver d’être sur une plage de sable blanc de Tropea en Calabre, ou sur l’île de Stromboli, ou sur la costa Smeralda en Sardaigne, quand une petite tempête de sable vous fouette le visage et que la voix criarde du vendeur de thé vous tire brutalement de vos songes : « latey skhoun ta’a Bou saâda ». Arrivederci Algeria !

 

source : http://www.elwatan.com/Les-vacances-des-emigres-algeriens

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