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Régime crétois et cuisines méditerranéennes entre fictions et réalités


milax

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Bonjour,

suite à l'article de notre ami sou23 sur les viandes rouges et étant donné que le sujet m'intéresse, je me permet de partager avec les amis du forum un ou deux articles que j'ai bien apprécié sur le sujet :

 

Régime crétois et cuisines méditerranéennes entre fictions et réalités

 

 

Les raisons du succès

Qui d’entre nous n’a entendu parler de l’alimentation méditerranéenne et du fameux “régime crétois” ? Leurs bienfaits pour la santé, largement relayés par les médias et la publicité, sont pour beaucoup dans l’intérêt qu’ils suscitent auprès du grand public.

Mais les raisons d’un tel succès populaire relèvent aussi de considérations d’une toute autre nature...

 

 

- De prime abord, la simple évocation de la Méditerranée constitue un puissant stimulant de notre imaginaire. Elle fait surgir tout un univers de sensations agréables, d’images paradisiaques (plages inondées de soleil, mer limpide, campagne préservée, farniente, convivialité retrouvée...).

 

 

- Ces régimes présentent tous les attraits d’une alimentation perçue comme “naturelle” et “traditionnelle”, deux notions très valorisées par des mangeurs en quête de réassurance et de racines. Ceux-ci ignorent généralement que le régime crétois traditionnel a été fortement ébranlé par les influences extérieures : tels Ulysse et ses compagnons, les jeunes Crétois ont cédé aux sirènes… des fast-food d’Héraklion, délaissant leurs feuilletés au pourpier pour la trilogie hamburger-frites-ketchup.

 

 

- Appétissante et propice à la convivialité, l’alimentation méditerranéenne réconcilie santé et plaisir. Riche en saveurs, en arômes et en couleurs, elle répond à la polysensorialité recherchée par le mangeur d’aujourd’hui. La modération requise n’est pas perçue comme une ascèse draconienne, mais au contraire comme le moyen d’atteindre l’objectif du corps " parfait ".

 

 

- La présentation de ces “diètes” comme l’idéal de la bonne alimentation offre les vertus rassurantes de toute vision modélisatrice. Au mangeur inquiet et déboussolé par la " cacophonie " des discours, elle fournit des repères simples, stables, et faisant l’objet d’un large consensus scientifique.

 

 

- Le “paysan crétois” apparaît comme l’incarnation d’une sagesse perdue, d’un homme “simple”, indifférent aux tentations et aux illusions du monde moderne (pourtant, dès 1948, une enquête révélait que les Crétois étaient insatisfaits de leur régime frugal : ils souhaitaient consommer davantage de viande, de poisson, de beurre… comme les occidentaux !).

 

 

- Pour certains de nos concitoyens, le régime crétois fait aussi référence à un “âge d’or”. Il y a plus de 3500 ans, la Crète fut le berceau de la culture minoenne, “la première civilisation véritablement humaine de la Méditerranée, qui enseignait l’art de vivre et la culture du raffinement.” (Paul FAURE, 1971).

 

 

- Le régime méditerranéen est fortement axé sur la consommation de produits végétaux, c’est-à-dire sur des aliments “bons à penser”. En effet, dans nos représentations actuelles, les végétaux affirment de plus en plus leur supériorité symbolique et éthique sur les produits animaux : ils sont perçus comme “bons”, “naturels”… à la différence de tout ce qui est issu de l’animal (que les Grecs et les Romains de l’Antiquité considéraient déjà comme des nourritures de " barbares ").

 

 

- Bénéfique à notre corps, l’alimentation méditerranéenne l’est aussi pour notre esprit. Elle répond positivement au “principe d’incorporation” des ethnologues, c’est-à-dire à la croyance selon laquelle “je deviens ce que je mange”. En ingérant ces produits, j’incorpore aussi du plaisir, du soleil, de la détente et de la rêverie, de la " nature " et des racines sécurisantes, de la sagesse et de l’éthique… Ainsi, le régime crétois / méditerranéen est bien plus qu’un mode d’alimentation. C’est un véritable art de vivre et, de surcroît, le plus économique des antidépresseurs ! D’où son succès...

 

 

Les cuisines méditerranéennes entre fictions et réalités

 

 

S’il existe des traits communs entre les cuisines méditerranéennes, celles-ci se caractérisent tout autant par leur extraordinaire diversité : la cuisine que l’on mange à Beyrouth n’a pas grand chose à voir avec celle que l’on consomme au Caire, à Marakkech, à Naples ou à Marseille.

 

Autant que sa prétendue uniformité, le caractère “indigène” et “pluri-millénaire” de cette (ces) cuisine(s) constitue une autre idée reçue. Les Grecs Anciens, les Romains de l’Empire, ni même les populations de l’époque médiévale ne se nourrissaient comme leurs descendants actuels. Et ils ne connaissaient pas ces aliments emblématiques de la cuisine méditerranéenne d’aujourd’hui que sont la tomate et le basilic, le piment et le poivron, la courgette et les haricots, le melon, nombre d’épices…

Bien que proposée comme modèle à des citadins pressés et soucieux de leur “ligne”, la cuisine du bassin méditerranéen est, dans sa version traditionnelle, une cuisine qui prend beaucoup de temps et qui, par ailleurs, a développé l’art de la… friture. Quant à la sobriété et à la sagesse tant vantée des habitants de ces régions, elle était bien moins le signe d’un contrôle des désirs que le fruit de la… nécessité : jusqu’à une date récente, tous les pays méditerranéens ont, à des degrés divers, connu la pauvreté, la sécheresse, les disettes, les guerres et les invasions dévastatrices, le pillage et la réquisition forcée des ressources alimentaires.

 

Eric BIRLOUEZ

2003

Agronome consultant et enseignant en Histoire et Sociologie de l’Alimentation

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et un deuxième article qui date du 30 juillet 2008 toujours sur l'évolution de la nutrition en méditerrannée.

 

La malbouffe fait des ravages en Méditerranée:

 

Électrochoc au royaume de la saine alimentation. La malbouffe serait sur le point de sonner le glas du régime alimentaire crétois, pourtant vanté par les nutritionnistes des quatre coins du globe comme étant une bonne source de santé et de longévité. Son existence est en effet menacée dans sa zone d'origine, le bassin méditerranéen, où d'importants changements d'habitudes alimentaires survenus au cours des dernières années menacent désormais la santé des gens, a déploré hier l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

 

«Les populations des rivages de la Méditerranée ont utilisé leurs revenus plus élevés pour ajouter un grand nombre de calories issues de la viande et des graisses à un régime alimentaire qui était traditionnellement léger en protéines animales», explique l'organisation internationale. Conséquence: en délaissant l'huile d'olive, les poissons, mais aussi les fruits frais ou secs et les légumes, qui composent les grandes lignes du régime dit méditerranéen, les pratiques alimentaires séculaires qui prévalent en Europe méridionale, en Afrique du Nord et au Proche-Orient se retrouvent désormais dans «un état moribond», indique la FAO.

 

Les chiffres sont évocateurs. Sous la pression de l'enrichissement collectif, Grecs, Espagnols, Portugais ou Chypriotes, pour ne citer qu'eux, mangent maintenant «trop gras, trop salé et trop sucré», explique Josef Schmidhuber, économiste de la FAO, qui vient de compléter une étude exhaustive sur l'évolution des régimes alimentaires en Europe liée aux politiques agricoles communes de l'Union européenne (UE).

 

Pis, alors que le Vieux Continent a vu son apport calorique quotidien par habitant grimper de 20 % en 40 ans, dans des pays comme la Grèce, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et Malte, l'énergie ingurgitée chaque jour a connu une croissance de 30 % sur la même période de temps. Avec, à la clé, un corollaire facile à imaginer: «Aujourd'hui, les trois quarts de la population grecque sont en surpoids ou sont obèses», écrit l'expert de la FAO, ce qui fait de leur pays celui de l'Union européenne où la prévalence de la surcharge pondérale est désormais la plus élevée.

 

En matière d'obésité et d'embonpoint, plus de la moitié des Italiens, Portugais et Espagnols se retrouvent par ailleurs logés à la même enseigne. Un drame, selon l'organisme internationale, surtout dans une zone géographique qui fait office de modèle partout dans le monde pour son art de vivre et son art de la table reconnus pour «maintenir les personnes en forme, en bonne santé et favoriser leur longévité».

 

Supermarché et nourriture industrielle

 

Pour l'économiste, l'augmentation des revenus des populations dans ces pays est à l'origine de tous ces changements délétères dans les habitudes de vie des habitants du pourtour de la Méditerranée. Il pointe également du doigt le «développement des supermarchés et le changement des systèmes de commercialisation» qui éloigneraient les consommateurs des aliments traditionnels au profit d'une nourriture plus industrielle réputée pour sa richesse en gras, sucre, sel et surtout en calories vides.

 

Le travail des femmes, mais aussi l'augmentation du nombre de repas pris à l'extérieur des maisons, «souvent dans des restaurants de type fast-food», sont aussi tenus responsables par M. Schmidhuber de la mise à mal du régime méditerranéen par la modernité.

 

Cette modernité vient, là-bas comme ailleurs, avec un style de vie moins actif qui accentue du même coup une tendance lourde par l'effet combiné «d'une prise plus élevée et une dépense inférieure de calories», précise la FAO.

 

L'institution internationale basée à Rome, en Italie, souligne également au passage un paradoxe étonnant: les Méditerranéens consomment certes toujours plus de fruits frais, de légumes et plus d'huile d'olive que dans le reste du globe. «Mais ils ne suivent généralement pas le régime que leurs ancêtres leur ont légué» et que «plusieurs pays veulent pourtant faire inscrire sur la liste du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO)» pour le protéger.

 

source: http://www.ledevoir.com/2008/07/30/199664.html

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