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Panique dans la haute hiérarchie militaire


Invité salimdz

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Après l’audition en Suisse du général Khaled Nezzar, panique dans la haute hiérarchie militaire

 

Mardi 25 octobre à 21:13

 

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L’inculpation par un tribunal suisse de l’ancien ministre algérien de la Défense, Khaled Nezzar, pour « suspicions de crimes de guerre » commis entre 1992 et 1999, provoque un vent de panique en Algérie . Aucun dirigeant, civil ou militaire, impliqués dans la gestion de la guerre civile, n’est aujourd’hui à l’abri de poursuites judiciaires. Contrée de villégiature, pays peu regardant sur les comptes bancaires des dirigeants algériens, la Suisse pourrait désormais devenir une terre infréquentable. Décryptage.

 

Comment Khaled Nezzar a-t-il été arrêté ?

 

L’ancien général à la retraite s’est rendu en Suisse afin de consulter, selon sa déposition, son psychothérapeute pour l’aider à arrêter le tabac. A Genève, Khaled Nezzar descend au Beau Rivage un hôtel de luxe classé 5 étoiles situé au bord du Lac Léman. Alerté mardi 18 octobre de la présence de l’ancien ministre de la Défense sur le sol suisse, l’ONG TRIAL prépare un dossier de plainte pénale avant de l’adresser au ministère public de la Confédération à Berne.

 

En vertu du droit suisse qui autorise la poursuite des violations du droit international humanitaire dès que le suspect se trouve sur le territoire suisse, le ministère suisse décide de procéder à l’interpellation de Khaled Nezzar dans la soirée du jeudi 20 octobre.

 

Entendu en qualité de prévenu, le soir même et durant la journée du vendredi 21 octobre, l’ex-ministre est sorti libre. Il doit désormais répondre aux convocations de la justice helvétique qui le poursuit formellement pour « suspicions de crimes de guerre » commis en Algérie entre 1992 et 1999.

 

En cas de non-respect de la procédure, le général à la retraite risque de faire l’objet d’un mandat d’arrêt international.

 

Où se trouve actuellement Khaled Nezzar ?

 

L’ex-ministre de la Défense, 74 ans, a quitté la Suisse peu de temps après la fin de son audition vendredi 21 octobre. Des rumeurs avaient circulé sur son exfiltration par avion spécial vers l’Algérie, mais Khaled Nezzar se trouve actuellement en France.

 

Contacté par l’auteur, il n’a pas souhaité faire une déclaration publique sur l’affaire en cours. « Tout est dans le PV qui a été envoyé à la presse algérienne, affirme Nezzar au téléphone. Je m’exprimerai, si besoin, une fois rentré en Algérie. Nous sommes tous concernés par ces ONG qui déposent des plaintes en Suisse contre les responsables algériens. Pour le moment, je m’occupe de la santé de mes enfants, après on verra. Je sais me défendre et j’ai les arguments pour le faire…»

 

Quels sont les crimes qui sont susceptibles de toucher les dirigeants algériens ?

 

Le procès verbal de l’audition de Khaled Nezzar donne un aperçu succinct des poursuites qui pourraient être engagées par la justice suisse contre des responsables algériens.

 

Massacres, exécutions extrajudiciaires, tortures, disparitions forcées, détentions arbitraires, séquestrations, abus de pouvoir, les crimes sont multiples. C’est que l’intérêt des juges suisses porte sur toute la période allant de 1992 à 1999, à savoir la période couvrant ce qui est communément appelé la « décennie rouge ». Il y a de la marge.

 

Qui sont les responsables algériens visés par TRIAL ?

 

Exception faite du président Boùteflika qui n’a pas assumé de fonctions officielles durant la « sale guerre » – il a été élu le 15 avril 1999-, tous pourraient faire l’objet de poursuites judiciaires dès lors qu’ils mettent un pied sur le sol suisse.Tous!

 

Si aucun nom n’est pour l’heure cité concernant des plaintes pour crimes, tortures, massacres ou disparitions forcées commis au cours de cette décennie rouge qui a fait plus de 100 000 morts et quelque 20 000 disparus, tous craignent être dans le collimateur de TRIAL, l’ONG suisse spécialisée dans la lutte contre l’impunité des responsables coupables de violations des droits de l’homme à travers le monde.

 

Dans le collimateur de TRIAL, il y a d’abord les hauts gradés de l’armée algérienne. Du patron du DRS (Département de la recherche de la sécurité), Mohamed Médiene, dit Toufik, aux chefs de régions militaires, en passant par les différents responsables chargés de la lutte anti-terroriste, tous sont susceptibles d’être interpellés un jour ou un autre sur le sol suisse.

 

A l’instar de Khaled Nezzar, quatre généraux-majors peuvent être visés par une procédure judiciaire : Mohamed Lamari, ex-chef d’Etat-major de l’armée, Abbès Gheziel, ancien patron de la gendarmerie Abdelmalek Guenaizia, et Gaïd Salah, actuel chef d’Etat-major de l’armée.

 

Si les deux premiers ont pris leur retraite, les deux derniers occupent toujours des fonctions officielles. A la retraite ou encore en exercice, tous ont exercé de très hautes fonctions, à des degrés différentes, entre 1992 et 1999.

 

Le cas de Guenaïzia, 75 ans, est encore plus particulier et pourrait encore intéresser davantage les juges suisses.

 

Avant 2005, date de son retour aux affaires en Algérie, l’actuel ministre délégué auprès du ministère de la Défense, surnommé par la vox-populi « le banquier des généraux », était ambassadeur d’Algérie en Suisse.

 

Toùtefois, ces quatre généraux ne sont pas les seuls à être visés par d’éventuelles procédures judiciaires en Suisse. Même Liamine Zeroual, nommé ministre de la Défense en 1994, élu président en décembre 1995 avant de se retirer de la scène politique en avril 1999, pourrait subir les foudres de la justice helvétique.

 

Sans parler des responsables civils qui avaient occupé des postes de responsabilités dans les départements de la Justice et de l’Intérieur entre 1992 et 1999.

 

Bref, la liste est longue, très exhaustive.

 

Quelles sont les affaires recensées par TRIAL sur l’Algérie ?

 

Jusqu’à présent, l’ONG suisse a recensé 18 affaires. Deux concernent directement la Suisse, deux sont introduites devant le comité contre la torture des Nations unies et 14 autres ont été introduites devant le comité des droits de l’homme de l’ONU.

 

Les 14 dossiers en cours concernent des cas de disparitions forcées ainsi que des cas des violations de droits de l’homme survenues en Algérie entre les années 1993 et 1997.

 

Sur son site internet, l’association annonce que d’autres affaires sont en cours de préparation, mais se refuse à rendre public leur teneur.

 

L’affaire la plus médiatisée est celle de l’ex-ministre d’Etat et chef isla.mis.te, Bouguerra Soltani, poursuivi depuis octobre 2009 à Genève pour tortures présumées sur le journaliste Anouar Malek.

 

Que prévoit la législation suisse à l’égard des criminels de guerre ?

 

Selon la nouvelle législation suisse entrée en vigueur en 2011, « il n’est plus nécessaire que l’auteur de crimes de guerre dispose d’un lien étroit avec la Suisse, tel que de la famille ou une résidence secondaire en Suisse. Ainsi, quiconque se trouvant sur le territoire suisse ou qui pourrait y retourner peut être poursuivi par la justice suisse. »

 

En clair, tout responsable algérien qui se trouve sur le territoire suisse peut faire l’objet d’une interpellation par la police fédérale.

 

Par ailleurs, selon la justice suisse, les crimes de guerre sont imprescriptibles. La loi du 18 juin 2010 prévoyant l’imprescriptibilité des crimes de guerre, du génocide et des crimes contre l’humanité, l’auteur présumé pourrait être poursuivi tant qu’il est vivant.

 

Quelle pourrait-être la riposte des responsables algériens ?

 

Depuis l’annonce de l’arrestation de l’ancien ministre de la Défense, un vent de panique souffle sur Alger. Anciens et actuels responsables civils et militaires redoutent de subir le même sort que Khaled Nezzar.

 

Alors, on tente de s’informer des procédures en cours, de savoir qui figure sur la liste de TRIAL; on tente de se renseigner sur la législation suisse, de prendre le pouls avec des avocats spécialisés.

 

C’est que la panique est si grande que de nombreux dirigeants algériens se rendent régulièrement en Suisse pour des soins dans les cliniques huppées ou pour des vacances. Certains y possèdent des biens immobiliers, d’autres des comptes bancaires bien garnis.

 

Comment faire pour riposter à d’éventuelles procédures ?

 

Vu la détermination de l’ONG TRIAL à traquer les criminels de guerre, à constater la rapidité avec laquelle le parquet suisse a décidé d’interpeller Khaled Nezzar, la marge de manœuvre est limitée. Très limitée.

 

Renoncer à la Suisse ou s’y rendre encore au risque de subir le même sort de l’ex-ministre de la Défense. Le choix est limité.

 

source

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Algérie: le général Nezzar rattrapé en Suisse par une plainte pour «crimes de guerre»

25 Octobre 2011 Par François Gèze Ce jeudi 21 octobre, le général Khaled Nezzar, 73 ans, ancien homme fort du pouvoir militaire algérien dans les années 1990, était à Genève pour affaires. Mais il n’y a pas dormi tranquillement, comme à son habitude, à l’hôtel cinq étoiles « Beau Rivage » : ce soir-là, il y a été « assigné à résidence, sous surveillance » par la justice suisse, après avoir passé la journée au poste de police du boulevard Carl-Vogt. Arrêté le matin même par la police, il y a été entendu par la procureur de la Confédération suisse sur son implication dans les « crimes de guerre » commis durant les années 1990, suite à la plainte de deux Algériens victimes de tortures à l’époque, plainte déposée par l’ONG TRIAL (Track Impunity Always), une association suisse qui lutte contre l’impunité des responsables de violations des droits humains. Nezzar a été remis en liberté vendredi soir, après avoir été « prévenu » (l’équivalent d’une mise en examen).

 

Khaled Nezzar, l’un des principaux organisateurs du terrorisme d’État en Algérie

Dans son communiqué du 21 octobre, TRIAL rappelle les faits : « Khaled Nezzar […] a occupé divers postes à responsabilités dans l’armée. Chef des armées terrestres en 1986, il a été promu chef d’état-major puis ministre de la Défense en 1990 [jusqu’en juillet 1993]. À ce poste, il est devenu l’homme de toutes les décisions au sein du pouvoir. De [janvier] 1992 à [janvier] 1994, il a été l’un des cinq membres du Haut Comité d’État (HCE), junte militaire de cinq membres remplaçant le président élu. M. Nezzar a été considéré comme l’un des hommes les plus puissants du régime au début des années 1990, alors que la “sale guerre” faisait rage. De nombreuses organisations de défense des droits humains lui reprochent d’avoir ordonné, autorisé et incité des militaires et des agents de la fonction publique à exercer des actes de torture, à commettre des meurtres, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées et autres actes constitutifs de graves violations du droit international humanitaire. »

 

 

Un constat froid et factuel, qui a le mérite de battre en brèche, une nouvelle fois, le discours de désinformation propagé depuis le coup d’État de janvier 1992 par le pouvoir algérien, jusqu’à ce jour : derrière la démocratie de façade instaurée par des « militaires républicains » qui prétendaient lutter contre l’« hydre is^^^^^^^ », c’est en réalité un véritable terrorisme d’État, méticuleusement planifié, qui a frappé la société algérienne dans les années 1990, au prix de quelque 200 000 morts, dont au moins 20 000 victimes de « disparations forcées » du fait des « forces de sécurité ». Plus de dix ans après la fin de la « sale guerre », tous les organisateurs de cette effroyable « machine de mort » – pour reprendre les termes d’un rapport accablant et trop méconnu publié en 2003 par l’ONG Algeria-Watch – bénéficient toujours d’une totale impunité.

 

 

Certains d’entre eux sont depuis morts de leur belle mort, sans avoir jamais été inquiétés. C’est le cas du général Smaïl Lamari (dit « Smaïn »), décédé en août 2007, qui fut à partir de 1990 le numéro deux de la police politique, le DRS (Département de renseignement et de sécurité). Et, à ce titre, l’un des pires criminels responsables de la machine de mort : ce digne héritier des pires pratiques de l’armée française contre le peuple algérien durant la guerre d’indépendance les a répétées à une échelle inédite, notamment avec l’ordonnancement des grands massacres de 1997 perpétrés par les « groupes islamiques de l’armée » (GIA) qu’il contrôlait. C’est le cas également du général Larbi Belkheir, le faiseur de rois dans l’Algérie des années 1980 et 1990 et l’un des principaux concepteurs du coup d’État de 1992 et de la guerre déclenchée ensuite contre la population : cet affairiste hors pair, homme clé des circuits de corruption de la Françalgérie, est mort dans son lit en janvier 2010. Ou encore du général Brahim Fodhil Chérif, ex-chef du Département des opérations au ministère de la Défense nationale et acteur de premier plan de la « sale guerre » antiterroriste des années 1990, décédé en juin 2008.

 

Des centaines d’officiers auteurs ou complices de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité

 

Mais les autres officiers algériens responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans les années 1990 sont toujours bien vivants. Certains d’entre eux ont été discrètement écartés par leurs pairs des sphères officielles de décision, souvent au prix de juteux fromages, même s’ils conservent dans l’ombre un pouvoir certain. Tel est le cas du général Khaled Nezzar, l’homme qui fait aujourd’hui l’actualité en Suisse et qui n’a plus de fonctions officielles depuis 1994. Ou des généraux Mohamed Lamari (ancien commandant des forces terrestres de 1989 à 1992, nommé en octobre 1992 à la tête des nouvelles unités antiterroristes, puis chef d’état-major de l’ANP – Armée nationale populaire – de juillet 1993 à juillet 2004) et Kamel Abderrahmane (chef de la Direction centrale de la sécurité de l’armée, l’une des branches du DRS, de 1990 à 1996, puis commandant de la 2e région militaire de 1996 à 2003) : tous deux ont été mis sur la touche en 2004, après avoir joué un rôle majeur dans le déploiement du terrorisme d’État depuis 1992. Nombre de leurs pairs ou subordonnés de l’époque sont en revanche toujours en poste aujourd’hui et sont les véritables « décideurs » dans l’Algérie de 2011.

 

 

À commencer par le général Mohammed Médiène (dit « Toufik »), 72 ans, l’inamovible numéro un de la police politique, le DRS, depuis plus de vingt ans : il est toujours à ce jour le véritable « patron » du pays, en connivence plus ou moins conflictuelle avec le civil que lui et ses collègues des « services » et de l’armée ont chargé depuis 1999 d’incarner la façade pseudo-démocratique du régime, le président Abdelaziz Bo^^^^^ika, 74 ans. L’un et l’autre sont en cette fin 2011 bien malades, et les luttes de clan pour leur succession ont pris récemment un tour plus aigu que d’habitude.

 

 

Derrière les bagarres publiques qui mobilisent depuis plusieurs années, sans conséquence, les vieilles marionnettes de la classe politique sur la scène médiatique algérienne, se déroule en effet dans l’ombre une autre bagarre, autrement décisive, au sein de la coupole dirigeante du DRS et de l’armée. Les enjeux : savoir qui mettra demain la main sur les tuyaux de la corruption liés au commerce extérieur (exportations des hydrocarbures, importations de biens de consommation) ; et qui sera capable de mater encore une société en pleine ébullition, où les émeutes violentes et les grèves dures des syndicats autonomes sont devenues quotidiennes. Les principaux acteurs de cette lutte féroce pour le pouvoir, attisée par la crainte de la contagion des « printemps arabes », sont les officiers (devenus colonels ou généraux) aujourd’hui quinquagénaires aux mains tâchées du sang qu’ils ont fait verser dans les années 1990, quand ils conduisaient méthodiquement contre la population leur guerre d’« éradication » de l’islamisme, y compris par la manipulation des groupes armés se réclamant de l’islam.

 

 

Parmi les centaines d’officiers auteurs ou complices des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis durant cette période, on peut citer par exemple (liste en vérité interminable, toujours à compléter et préciser) :

 

 

– le général Abdelmalek Guenaïzia, actuel « ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale », depuis 2005 ;

 

 

– le général Ahmed Gaïd Salah, actuel chef d’état-major de l’ANP depuis 2004 ;

 

 

– le général Saïd Bey, patron du Centre de commandement de la lutte antisubversive de 1993 à mai 1994, qui a dirigé ensuite la 1re région militaire (Blida) jusqu’en septembre 1997 (dans la période où eurent lieu les pires crimes contre l’humanité dans l’Algérois, dont les grands massacres de 1996-1997), puis la 5e région militaire (Constantine) de 2000 à juillet 2004, avant de diriger la 2e région militaire (Oran) ;

 

 

– le général Kamel Abderrahmane, chef de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA, l’une des branches du DRS) de septembre 1990 à juin 1996 puis patron de la 2e région militaire (Oran) de 1996 à 2004 et, ensuite, de la 5e région militaire ;

 

 

– le général Othmane Tartag, dit « Bachir », qui dirigea de 1990 à 2001 l’un des principaux centres de torture et d’exécutions extrajudiciaires du DRS, le Centre principal militaire d’investigation (CPMI) de Ben-Aknoun, dans la banlieue d’Alger (Tartag est aujourd’hui donné comme l’un des possibles successeurs du général Médiène à la tête du DRS) ;

 

 

– le général M’henna Djebbar, ancien patron du CTRI de Blida de 1991 à 2003, un autre centre majeur de torture et de tuerie du DRS, où au moins 5 000 « disparus » ont été victimes d’exécutions extrajudiciaires ; il est depuis 2003 le chef de la DCSA (DRS) (merci au lecteur qui a permis ici, mercredi 26, la correction d'une erreur) ;

 

 

– le général Rachid Laalali, dit « Attafi », ancien commandant de la 4e région militaire (Ouargla) de 1994 à 2005 ;

 

 

– le colonel Hamou, dit « Abdelwahab », ancien commandant du CTRI d’Oran (Centre Magenta) de 1988 à 1999 ;

 

 

– ou encore les anciens commandants des régiments des forces spéciales dans les années 1990 qui furent alors le fer de lance du terrorisme d’État (et dont plusieurs occupent aujourd’hui des fonctions éminentes au sein de l’armée) : les (aujourd’hui) généraux Amar Tlemçani (ex-chef du 4e RPC), Amar Athamnia (12e RPC), Daoud (25e régiment de reconnaissance), Hassan Alayma (18e RPC) et Bendjenna (90e BPM).

 

 

Le long combat des victimes et des ONG pour la vérité et la justice

 

En octobre 2007, à Genève (déjà !), lors d’une session du Comité des droits de l’homme de l’ONU consacrée à l’examen du cas de l’Algérie, certains des crimes commis par ces hommes et ceux qui étaient sous leurs ordres ont été évoqués avec précision par plusieurs ONG de défense des droits humains, comme Algeria-Watch et Al Karama for Human Rights, ainsi que le Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie. À cette occasion, l’un des experts de ce comité, l’éminent juriste britannique Sir Nigel Rodley, a qualifié ces violations de « crimes contre l’humanité », affirmant que ces milliers d’enlèvements, ces décès et ces massacres « ne se font pas par hasard ou par accident ».

 

 

La plainte déposée à Genève contre Khaled Nezzar par TRIAL marque donc une étape importante dans le long combat engagé dès les années 1990 par des victimes et des militants des droits humains, membres d’ONG algériennes et internationales. En octobre 1988, Nezzar avait déjà été l’ordonnateur de la terrible répression déclenchée par l’armée, à la mitrailleuse lourde, contre les émeutes populaires qui avaient alors secoué le pays, au prix de centaines de morts – une répression dont les responsables sont depuis restés impunis. En 2001 et 2002, deux plaintes de victimes de torture avaient été déposées devant les tribunaux français – rapidement classées sans suite, raison d’État oblige – contre le général. En juillet 2002, il avait perdu à Paris son procès en diffamation contre l’ancien officier des forces spéciales Habib Souaïdia, lequel avait dénoncé dans un livre retentissant la « sale guerre » perpétrée par le régime. Depuis lors, dans l’indifférence assez générale des médias occidentaux, plusieurs ONG – comme SOS Disparus, le Collectif des familles de disparus en Algérie, Algeria-Watch, Al Karama ou TRIAL – ont poursuivi ce combat pour la vérité et la justice, marquant des points importants contre le régime algérien devant les instances onusiennes en charge du respect des droits humains.

 

 

Une étape vers la saisine de la Cour pénale internationale ?

 

En 2011, le général Nezzar est donc à nouveau rattrapé à Genève par la plainte, soutenue par TRIAL, de deux anciens membres du Front islamique du salut (FIS) aujourd’hui résidents en Suisse, Ahcène Kerkadi et Seddik Daadi : victimes de tortures en 1993 et au cours des années suivantes, leurs témoignages avaient déjà été rendus publics par Algeria-Watch, en 2003 pour le premier, en 2008 pour le second. Une lecture particulièrement éprouvante par ce qu’elle révèle (comme des milliers d’autres témoignages de ce genre) des atroces souffrances infligées aux Algériens depuis vingt ans par les généraux « janviéristes ». Tel est en effet le qualificatif accolé par la rue algéroise aux instigateurs du coup d’État de janvier 1992, dont Nezzar était l’une des principales figures.

 

 

Lors de son interrogatoire par la justice suisse – dont le procès-verbal a été intégralement publié par le quotidien algérien El Watan et sur une page de Facebook –, les protestations de ce dernier, comme dix ans plus tôt lors des procès de Paris, relèvent du pur et simple négationnisme : « Je ne suis pas concerné par ce conflit [qui a touché l’Algérie durant les années 1992 à 1999]. Pourquoi me posez-vous cette question ? Je ne suis pas celui qui a déclenché ce conflit. J’étais ministre de la Défense. […] Je n’ai pas connaissance de cas de torture durant cette période. C’était d’ailleurs l’affaire des services de savoir comment ils obtenaient les informations. »

 

 

Des déclarations proprement hallucinantes, au regard des preuves accablantes aujourd’hui disponibles quant au rôle de Nezzar et de ses pairs dans la terreur d’État à laquelle ils ont soumis la population algérienne depuis bientôt vingt ans. Grâce au courage des deux plaignants algériens de Genève et à la rigueur de TRIAL, le ministère public de la Confédération helvétique a maintenant la responsabilité de poursuivre l’instruction pour « crimes de guerre » qu’il a ouverte contre le général Khaled Nezzar. Alors que la perspective d’une action judiciaire devant la Cour pénale internationale de La Haye – régulièrement invoquée par les opposants algériens sur des milliers de blogs et de sites Web – semble encore éloignée (même si elle n’a rien d’irréaliste), la procédure engagée par TRIAL représente une brèche décisive en ce sens, pour tenter d’en finir avec l’insupportable impunité des criminels toujours au pouvoir à Alger.

 

 

Le général Nezzar n’a en effet été remis en liberté, comme l’a souligné TRIAL, que « sur la base de promesses [de sa part] de se présenter durant la suite de la procédure ». L’avenir dira si le « prévenu » aura le courage d’honorer sa promesse ou s’il préfèrera courir le risque, fort possible, d’un procès par contumace en Suisse. Avec toutes ses conséquences...

 

François Gèze, 25 octobre 2011

 

http://blogs.mediapart.fr/blog/francois-geze/251011/algerie-le-general-nezzar-rattrape-en-suisse-par-une-plainte-pour-cri

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