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«Pourquoi Internet est plus cher en Algérie ?». Réda Alioua


Hicham

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Réda Alioua, expert international en systèmes, à “Liberté”

“Internet est plus cher en Algérie à cause de la rareté de la bande passante internationale”

 

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Réda Alioua est architecte de systèmes, consultant technique international, spécialiste en systémique et expert en sécurité des systèmes d’information distribués. Il se spécialise dans les projets ayant un haut niveau de complexité dans le domaine des TIC, pour le secteur privé et gouvernemental, au Canada et aux USA majoritairement. Dans cet entretien, il évalue l'ampleur du déficit de l’Algérie en matière de TIC.

Liberté : Brièvement, pouvez-vous expliquer pourquoi le projet e-Algérie n’a pas fonctionné ?

Réda Alioua : À la base, e-Algérie est une excellente initiative, mais elle manque de vision et de leadership tout en étant basée sur une stratégie naïve. Cette dernière a pu ainsi engendrer une mauvaise conception du projet, menant à une mise en œuvre pauvre, produisant ainsi des résultats insuffisants. Parmi ceux-ci, j’ai pu observer par exemple, que le Mbps (mégabit par seconde) en Algérie coûte 2 fois plus cher qu’en Tunisie, 4 fois plus cher qu’au Maroc et 20 fois plus cher qu’au Canada. Il suffit de comparer les prix en ligne pour le constater.

Quelle est la principale cause, selon vous, de cette grande différence au niveau des prix d’Internet ?

La rareté de la bande passante internationale est la principale cause des coûts élevés, car dans le cas de l’Algérie, elle est à seulement 46 Gbps (gigabit par seconde), la Tunisie à 82 Gbps et le Maroc à 300 Gbps. Cette carence induit aussi un déficit dans la stabilité du débit minimal des connexions afin de desservir les internautes. Cela pousse donc Algérie Télécom à vouloir compenser cette insuffisance en augmentant son taux de partage (contention ratio) que je pense être supérieur à 50:1. Cela veut dire que chaque 1 Mbps est vendu à au moins 50 clients en même temps et donc le débit réel dépendra si 50, 25 ou seulement 10 clients sont connectés simultanément. Cela donc reviendrait dans ce dernier cas à 102,5 Kbps de débit réel par connexion. Pour vous donner une petite idée de comparaison, Internet par satellite, étant le plus cher au monde, il a en général un ratio de partage maximum de 10:1 seulement.

Selon les statistiques de base de l'UIT (Union internationale des télécommunications), l'institution spécialisée des Nations unies pour les technologies de l'information et de la communication (TIC), nous pouvons calculer la moyenne de distribution de la bande passante internationale réelle (comparée à celle publicisée) en termes de Kbps (Kilo bit par seconde) par Internaute. Alors, pour le Maroc, nous avons environ 17, 770, 081 internautes, avec une bande passante internationale de 300 Gbps (314, 572,800 Kbps), cela nous donne une moyenne de 17,70 Kbps/internaute (300 Gbps/17M).

La Tunisie, environ 4, 447, 885 internautes pour 82 Gbps (85, 983, 232 Kbps), nous donnons ainsi une moyenne de 19,33 Kbps/internaute. L’Algérie, environ 11 millions d’internautes selon la dernière déclaration ministérielle, pour 46 Gbps (48, 234,496 Kbps) et cela nous donne donc une moyenne de 4,38 Kbps/internaute. La meilleure façon de connaître le vrai débit est de vous poser la question suivante : avez-vous déjà eu une connexion Internet en Algérie ayant un débit stable minimal de 1 Mbps durant une période continuelle d’un mois.

La bande passante internationale, c’est comme l’eau et l’électricité. Pour être en mesure de la distribuer en quantités suffisantes pour satisfaire à la demande, il faut d’abord en avoir assez au niveau de son approvisionnement (système de câblage sous-marin).

 

Quels sont, selon vous, les plus importants défis au niveau des TIC auxquels fait face actuellement l’Algérie ?

Le premier plus important défi actuel, c’est le problème de la bande passante internationale dont je viens de parler et donc l’approvisionnement ; ensuite c’est celui des lignes téléphoniques fixes représentant le réseau d’accès qui est complémentaire au réseau de distribution du backbone national. Car, ce qui existe en Algérie, c’est principalement un réseau d’accès à base de fil de cuivre, qu’il faudra convertir en fibre optique, et c’est ce qu’Algérie Télécom a déjà commencé à faire depuis quelques années déjà. Le problème, c’est au niveau de la capacité de conversion de ces lignes, car même un des leaders mondiaux des télécommunications, Verizon, qui est aussi un des principaux propriétaires du backbone Internet, ayant réalisé un chiffre d’affaires de 110 milliards de dollars en 2011, n’a pu atteindre qu’une capacité de conversion de

200 000 lignes de cuivre existantes de son réseau en lignes à base de fibre optique en 2012 et il prévoit en convertir plus de 300 000 en 2013. Algérie Télécom a environ 3 millions de lignes à base de fil de cuivre, supposons qu’ils en ont déjà converti 500 000, il en reste donc encore 2,5 millions à transformer. Pour être réaliste, donnons à Algérie Télécom une performance de conversion de 100 000 lignes par année, qui est une très bonne moyenne de performance. Cela voudrait dire que la finalisation de ce projet de conversion du réseau d’accès actuel se compléterait d’ici 25 ans (2,5 millions/100 000) et donc en 2038. En plus, il faudra environ 5 millions de lignes supplémentaires au minimum pour atteindre les 8 millions de lignes et ainsi réaliser un ratio de 20 lignes par

100 habitants, sans compter la croissance démographique. Tout cela, en sachant qu’entre 2001 (6,05 lignes/100 habitants) et 2011 (8,5 lignes/100 habitants), Algérie Télécom a réalisé une performance moyenne de 40% ((8,5/6,05)-1)*100) sur une période de dix ans.

 

Pour quelles raisons l’Algérie serait, dans ce domaine, plus en retard que des pays qui se situent au même niveau de développement ou même inférieur ?

La raison principale se situe au niveau du modèle d’affaires mis en place et son incompatibilité avec la capacité du leader à répondre à la demande du changement. Dans n’importe quel pays au monde qui est avancé technologiquement on a, soit un modèle d’affaires qui est ouvert, donc le marché libre basé sur la compétition, ou bien un modèle d’affaires fermé de monopole, sauf dans ce cas-ci, le leader a une grande capacité pour desservir son marché et donc répondre à la demande. En Algérie, Algérie Télécom a un quasi-monopole, pour le réseau d’approvisionnement en bande passante internationale via son système de câblage sous-marin, le réseau de distribution qui est le backbone national en fibre optique et, enfin, le réseau d’accès qui est le système des lignes téléphoniques fixes à base de fil de cuivre principalement.

Cela en fait beaucoup pour une seule entreprise, et donc celle-ci devient dépassée par la charge qu’on lui a confiée, et comme conséquence elle devient sans le vouloir un obstacle pour le développement et la croissance des TIC en Algérie. Car, elle ne réussit pas à répondre seule à cette forte demande avec une vitesse assez rapide et en même temps à cause de ce quasi-monopole, aucune autre entité ne peut l’aider ou faire une partie à sa place. Même les pays développés souffrent de ce même manque de capacité qui les pousse à payer une facture annuelle de plus de 3 trillions de dollars dans les projets échoués dans le domaine des TIC. L’Occident est donc loin d’être aussi parfait qu’on puisse le croire, justement à cause de cette capacité générale et de sa sœur jumelle, la fiabilité. Car dans le monde occidental de la haute technologie, de l’expertise de haut niveau et du savoir, les projets ayant un budget de plus de 15 millions de dollars ont un taux d’échec de 75% et plus.

En Algérie, les problèmes et causes du déficit au niveau projet sont plus centrés autour du modèle de mise en œuvre basé principalement sur la méthode essai-erreur, celle du bricolage et de l’à-peu-près si vous voulez. Rajouter à cela le manque de vision, pour voir plus loin dans le futur tout en évaluant les besoins du présent, résultant ainsi avec une architecture statique et limitée en termes de portée et de flexibilité des systèmes ; des choix et options technologiques inadéquats pour la partie implémentation et un manque de savoir-faire dans l’exécution et la mise en œuvre des projets.  J’aimerais rajouter un point important, si un nouveau joueur arrive sur le marché pour partager la tâche avec Algérie Télécom, il faut qu’il puisse utiliser de nouvelles méthodes et structures que celles qui sont existantes, sinon, la performance ne va pas s’améliorer, elle sera seulement partagée en restant insuffisante.

Quels seraient, selon vous, les aspects stratégiques à ne pas oublier concernant le développement des TIC en Algérie ?

L’Algérie, avec tous ses efforts déployés jusqu’à présent, n’est présente en réalité que dans une seule dimension, celle des technologies de la communication (TC). La deuxième dimension (technologies de l’information) ou TI, elle en est très loin encore. Dans cette dimension, nous parlons de ERP (Enterprise Ressources Planning) ou systèmes de gestion intégrés d’envergure, de e-Banking (banque électronique), de e-commerce, de e-Government, de PKI (Public Key Infrastructures), SSO (Single sign-on) et de IAM (Identity and Access Management), de Data Mining, Business Intelligence pour les applications de reporting et autres éléments. Toute cette technologie est la base de l’initiative e-Algérie pour la dimension TI, pour le développement des différents systèmes comme l’e-Commune, e-Daïra et e-Wilaya.

Cette dimension a besoin d’un réseau national câblé car ce sont les serveurs qui sont la source du contenu, et ces derniers ne peuvent pas livrer leur contenu par le mobile. C’est pour cette raison que le système d’évaluation international du Unpan (United Nations Public Administration Network) n’est pas intéressé de savoir si l’adoption du 4G fait un malheur dans un pays en étant très populaire, car dans le domaine du mobile, même la Mauritanie n’est dépassée par l’Algérie que par un très faible pourcentage.

Le Unpan analyse le niveau ou le taux de satisfaction du citoyen, en évaluant à quel point et à quel pourcentage son gouvernement déploie la technologie en termes d’infrastructures pour faciliter la vie de ce dernier en lui donnant l’accès à de multiples services jumelant qualité, prix, fiabilité et accessibilité. C’est pour cette raison que le rapport de l’Unpan sur le (e-Government) mondial classe, chaque année l’Algérie parmi les derniers, car sur la dimension TC, elle est très en retard et sur la dimension TI, elle est presque inexistante.

Vous avez en chantier l’écriture d’un livre sur le monde des TIC à travers le monde. Quel est exactement l’objet de vos travaux ?

Durant cette dernière décennie, j’ai centré mon travail et mes recherches sur la résolution de problèmes complexes par l’architecture et la conception de systèmes. J’ai pu donc participer à une multitude de projets variés dans les TIC et travaillé avec une variété de professionnels et d’experts dans différents domaines. Ceci m’a donc permis d’identifier et de comprendre plusieurs patterns stratégiques générés par une structure principale régissant le domaine des TIC, faisant en sorte que l’échec soit programmé, car il a été conçu (failure by design) pour donner cet output. Ainsi, j’ai pu développer une théorie de l’échec que je tente de prouver dans ce livre en étudiant le domaine des TIC comme un système, et il sera publié aux États-Unis et prévu pour l’année 2013.

Enfin, pour mon mot de la fin, j’aimerais préciser qu’e-Algérie est encore possible, sauf qu’il faut d’abord avoir la capacité de la comprendre pour être en mesure de la voir, avant de pouvoir réellement l’avoir.


Source

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La mauvaise qualité d’internet n’est pas due à la rareté de la bande passante internationale comme le pensent certains, car elle est disponible en quantité.

 

La déclaration est du ministre de la Poste et des TIC,M. Moussa Benhamadi.

 

Suit

La rareté de la bande passante internationale est la principale cause des coûts élevés.

Réda Alioua

 

Suit moi même.

 

No comment Saha Ftorkoum

 

 

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il dit des betises : le Alpal a lui tout seul peut aller a 200 Gbps . le SMW4 a 300 Gbps. sans parler du nouveau Oran Valence et des cables terrestres....

 

au total, Algerie Telecom pourrait avoire facilement 500 Gbps et ça lui coute environ 5 $ le Mbps quelle revend 200 000 DA ! soit 500 FOIS SON PRIX ! ( en dédié ).

 

il est la, le probleme.

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pourquoi cette radinerie , si je dirigeais algérie télécom j'achèterais 10000000000 Gbps , je mettrais tout l'argent du pétrole la dedans :D

 

non mais 150 Gbps en bande passante en Algérie (là où même les journaux nationaux pompent de la BPI) c'est juste à peine de quoi satisfaire les caprices d'un chinois. c'est la consommation quotidienne d'un immeuble au japon :(

 

y a sidi donnez-nous au moins 2 Mbps stable de quoi lire une vidéo de bonne qualité en streaming sans coupures , si on veut matter une petite vidéo on télécharge , aya wellah que c'est grave , une vidéo de 1min en HD faut la télécharger oOOOO

 

ay a encore plus grave , lkhawa utilise idman pour dépasser la limite de leur fibre genre atteindre 200 Mbps , nous on l'utilise pour espérer atteindre le fameux 1 Mbps et encore pas toujours.

 

on a pas d'argent ??? aya khetouna avec cette excuse bidon , le ministre 3amrou ma chaff Tizi-Ouzou, il connait même pas Fatma nsoumer (il a regardé sa fiche pour bien prononcé son nom) graaave et il nous a jeté des milliers de milliards à la figure : tenez , achetez ce dont vous avez besoin et khetouna !!!

 

il croit que c'est l'argent qui fait les projets hum.

Modifié par Hicham
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