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La face cachée de la réforme bancaire en Algérie


Invité salimdz

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Failles dans la télécompensation et multiplication des chèques en bois

La face cachée de la réforme bancaire en Algérie

 

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Bien que des progrès aient été enregistrés dans la mise en œuvre de cette réforme, en particulier la mise en place d’un système de paiement moderne, les services à la clientèle restent très en deçà des attentes.

Au printemps 1995, sur recommandation du FMI, l’Algérie a opéré la première grande réforme de son secteur financier. De type socialiste, l’économie algérienne planifiée a duré de l’indépendance aux premières années 1980, qui ont vu la mise en œuvre, une décennie durant, de la restructuration des entreprises étatiques, en même temps que la naissance des premières entreprises privées. On peut dater la genèse de ce qu’il est convenu d’appeler économie de marché du début des années 1990. C’est cette époque qui a vu la naissance de la fameuse loi sur la monnaie et le crédit (LMC), un texte fondateur comme s’accordent à l’affirmer la majorité des experts parce qu’ils estiment qu’il donnait de nouvelles prérogatives à la Banque centrale qui devenait, en théorie du moins, plus autonome par rapport à l’Exécutif. Cette loi (90-10 du 14 avril 1990) visait à remplacer les rapports dirigistes État/entreprises par des rapports de commercialité entre banques et entreprises.

Les dures vérités du terrain

Selon un haut cadre bancaire, “la Banque d’Algérie elle-même ne connaît pas avec une précision suffisante le montant des flux monétaires entre les banques, pour tout ce qui est des chèques et virements qui, pourtant, passent par la chambre de compensation ! S’agissant justement du travail de compensation interbancaire, il continue à être réalisé manuellement, afin de liquider les chèques non normalisés, toujours en circulation. La télécompensation est entrée en service il y a, à peu près, trois ans au niveau de la Banque d’Algérie, le processus continue de prendre un mois avant d’être mené à terme (ce qui signifie que les chèques émis durant ce même mois restent en stand-by). On peut se demander avec raison pourquoi des chèques non normalisés continuent à circuler et à être honorés. Même certaines grosses entreprises publiques continuent à payer leurs impôts avec ces chèques”. Pour ce qui est des DAB, toujours selon la même source, chaque agence bancaire devrait segmenter sa clientèle, chercher à savoir si elle est solvable, avant d’accorder une carte de paiement qui l’engage en tant que banque. Il existe une convention standard entre le client et sa banque, qui engage les deux parties au respect des règles qui y sont inscrites. Ce qui pose la question de savoir si la centrale des risques fonctionne comme il se doit. “Est-ce qu’elle fait pleinement son travail ?” s’interroge le cadre de la banque. “Est-ce qu’une agence bancaire enquête auprès de la centrale des risques de la Banque d’Algérie sur les antécédents de son futur client ? Existe-t-il des statistiques des clients défaillants, des black listes ?”

 

Rien que pour la journée du 20 octobre 2008, un client indélicat, récidiviste par ailleurs, a émis pour paiement 2 chèques d’un montant de 40 millions de dinars, soit au total 8 milliards de centimes, selon notre source, qui ajoute, en guise de commentaire, (que) “ce comportement est possible à cause de l’absence de sanction sévère qui frise le laxisme”.

 

Les scandales de détournements sont devenus récurrents. “Désormais, on se méfie plus des cadres bancaires que des clients douteux. Et cela revient hélas à la mauvaise méthode de prise en charge de la ressource humaine, avec le parrainage et la cooptation syndicale qui influent sur le choix de responsables souvent incompétents”.

 

À la question de savoir comment obtenir un crédit et dans quels délais, la réponse a été nette : “Un client introduit peut obtenir un crédit en 24 heures. Donc la procédure dépend plus de la solidité des relations que de celle du dossier. C’est d’ailleurs pour cela que près de 40% de la masse monétaire en circulation échappent à tout contrôle des autorités monétaires du pays.”

 

Carte de retrait : un client peut opérer un retrait à Bab El-Oued à partir d’un DAB et, s’il se déplace assez vite, retirer encore de l’argent à El-Harrach, puis à Oum El-Bouaghi, etc., avant que la Satim ne s’en rende compte et stoppe l’hémorragie.

 

Télécompensation des opérations de virement : “Supposons une opération de virement à partir d’une agence CPA, par exemple, vers une agence BEA. L’opération de crédit et de débit, c'est-à-dire de télécompensation, est entièrement informatisée. Qui peut assurer que la somme (souvent très importante) arrive à son destinataire, et que le compte émetteur est celui qui sera débité réellement ? N’existe-t-il pas des failles dans ce système, quelles sont les garanties qui assurent le transfert, quels systèmes de verrouillage ont été prévus, afin d’exécuter ce genre d’opération en toute sécurité ?” s’interroge le cadre bancaire.

 

Au cas où un compte est débité accidentellement, ou volontairement, quels sont les recours du client auprès de sa banque ? Il pourrait y avoir confusion de noms, lorsqu’on affecte un débit sur un compte autre que celui qui doit être débité. Dans ce cas, dès la fin du mois, lorsqu’on achève le travail de comptabilité, on rétablit l’erreur. Existe-t-il des délits d’initié, des détournements par manque de garde-fous ? Oui, lorsqu’on accorde des crédits sans garanties suffisantes.

 

Il arrive qu’une carte soit avalée par le DAB à cause d’une mauvaise manipulation ou lorsqu’on a oublié son code d’accès, comment la récupérer ? Il faut la demander au directeur de l’agence bancaire domiciliataire pour la récupérer après avoir exhibé des papiers d’identité. En fin de semaine, il faudra attendre l’ouverture, le dimanche suivant. Selon notre source, “dans ce qui est appelé pompeusement réforme bancaire, la seule chose qui a été réformée c’est la façade, une affaire de design, c’est tout. On a bien réaménagé les agences en dépensant beaucoup d’argent, on a supprimé les barrières entre clients et guichetiers, on a repeint les murs, installé des tableaux de change clignotants affichant les taux interbancaires des devises, mis à la disposition des clients des fauteuils pour les faire patienter avec de belles hôtesses, et c’est tout. Quant à la loi 90-10 (la LMC, ndlr) on en est très loin. Si l’accueil s’est amélioré, les prestations laissent toujours à désirer. Un chéquier met toujours au minimum un mois avant de parvenir à son destinataire, parce que la Satim est le seul organisme qui confectionne les chéquiers des 20 banques opérant en Algérie, en plus des CCP. Or, la Poste, à elle seule, possède 7 millions de clients”.

 

Nous nous rendons dans une agence d’une banque privée située dans un “beau quartier” d’Alger. Double-porte et deux agents de sécurité munis d’un instrument électronique pouvant détecter des métaux, portique aussi. Fouille polie efficace et sans trop d’insistance du bagage à main, puis on peut pénétrer dans l’agence. À l’entrée deux jeunes filles, vêtues simplement, maquillées discrètement, occupant un bureau, un ordinateur, répondent aux sollicitations des clients. Une petite salle d’attente, des mouvements discrets, disciplinés, pas de cohue, alors qu’il est 9h15. Comment ouvrir un compte devises ? Une fiche de renseignements complète, énumérant les pièces du dossier à fournir avec des numéros de téléphones fixe et mobile de l’accompagnateur conseiller client est offerte au probable futur client, sans qu’elle soit expressément demandée. Deux types de compte devises. Résident ou non résident. Les documents sont différents dans les deux cas : non-résident, on fournit une copie du passeport, le résident fournit une photocopie de pièce d’identité. Pour ouvrir un compte devises, il faut au préalable ouvrir un compte en dinars qui devra recevoir 10 000 DA pour être ouvert, alors que le compte devises devra recevoir 100 euros minimum pour être ouvert. Pour ce qui est de la carte de retrait et de paiement, on peut l’obtenir dès que le revenu arrive à 60 000 DA/mois, minimum. Ce qui permet de retirer 10 000 DA par semaine. Au-delà de 60 000 DA/mois de revenu, la carte permet des retraits de 25 000 DA/semaine.

Manque de liquidités dans une agence bancaire de l’intérieur

Comment obtenir une carte de paiement ?

 

La carte de paiement valable sur l’ensemble du territoire national peut servir à retirer 9 000 DA maximum. Le niveau de retrait pour le détenteur d’une carte est autorisé en fonction du revenu. Pas de fiche de renseignements disponible, on ne l’obtient qu’avec le dossier de demande, auquel elle est agrafée d’ailleurs.

 

Accueil : un agent est préposé à la sécurité et à l’orientation des clients.

Face à la porte d’entrée, les guichets devises et dinars, séparés par des claies en bois, pour canaliser les clients. Les émigrés retraités sont souvent présents dans la chaîne du guichet devises, pour les retirer en vue de les échanger au noir. Les retraits et les dépôts de devises sont libres et s’opèrent sans difficulté. Le guichet du caissier est cerné par les clients, parfois en colère parce qu’il n’y a pas d’argent, et qu’il leur est demandé d’attendre que quelqu’un vienne verser de l’argent pour enfin être payés. Pour retirer une grosse somme, il faut prévenir d’avance. Des clients attendent dans le hall qui tient lieu de salle d’attente, car les locaux n’ont pas été prévus pour accueillir une banque. Il s’agit du rez-de-chaussée d’une villa aménagé en banque. Dans cette salle d’attente, une table entourée de fauteuils et canapés en faux cuir ; sur la table poussiéreuse des prospectus publicitaires fatigués, faisant la promotion de la banque, et que personne ne consulte. Au centre, un tableau lumineux affiche les taux de change interbancaires. Celui de l’euro clignote : 1 euro vaut 81,87 DA à l’achat et 86,89 DA à la vente en ce jeudi 23 octobre.

Les réalités d’une agence d’une banque publique située au cœur d’Alger

Lambris, bureaux visibles, à travers de larges vitres, transparence oblige, hommes et femmes semblent vaquer sérieusement à leur labeur. Un portique de sécurité, un agent assis devant une table, pas de contrôle visible. Selon les agents de la banque, lorsqu’on souhaite ouvrir un compte devises, il est indispensable de disposer d’un compte en dinars auprès de l’agence souhaitée. Comme partout ailleurs. Mais ici on vous demandera si vous travaillez à Alger. Dans l’affirmative, il faudra aussi résider à Alger afin d’espérer bénéficier d’un compte devises. Pour ce qui est de la meilleure façon d’obtenir une carte bancaire de paiement et retrait, il existe un contrat à remplir, mêmes règles que dans l’agence bancaire (publique) de province citée plus haut, c’est-à-dire remplir un dossier et un contrat. Le niveau de revenu n’est pas une contrainte, selon les déclarations des responsables (probablement le SNMG ?). On peut retirer, grâce à cette carte, jusqu’à 5 000 DA par semaine, maximum. À propos de la carte de paiement et de retrait devises, le projet est à l’étude et sera, selon les mêmes interlocuteurs, bientôt mis en service. Existe-t-il des failles dans le système électronique de virement, comme les possibilités d’erreurs dans les numéros de compte à débiter ou à créditer ? La réponse est négative. Donc tout baigne, selon les responsables de cette agence. Reste les cas signalés de DAB qui auraient avalé des cartes de paiement : “Rien ne peut arriver à la carte lorsque le compte du propriétaire de la carte est approvisionné, et toute erreur est vite réparée.”

 

source : http://www.liberte-algerie.com/rub.php?idrub=269&rubrique=Enqu%E8te%20:%20Banque

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