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3G pourquoi une double puce, pourquoi des retards : explications :


Djoss

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C’est l’histoire d’une fête gâchée. Jeudi 28 novembre, soirée gala au Sheraton de Club des Pins :

 

Nedjma devient Ooredoo, et la 2G s’étend à la 3G. Démonstration devant des centaines de partenaires. Spectaculaire. Un téléchargement d’une vingtaine de mégaoctets à la vitesse d’un cent mètres de Usain Bolt. Il est vrai que la borne relais était réquisitionnée pour un seul utilisateur, mais tout de même. Le chapiteau a spontanément applaudi. La décongestion, le bond productiviste sont là. L’autoroute Est-Ouest pour le transport des données. Seulement voilà, c’est en Algérie que cela se passe. Sous un avatar de régime soviético-affairiste, et la fête n’en sera pas une jusqu’au bout.

 

A minuit, le staff de Nedjma-Ooredoo a prévu une conférence de presse. Urgence. La rumeur enflait toute la journée. Elle est devenue une information en fin d’après-midi. Il faudra prendre une autre puce pour les nouveaux abonnés de la 3G. Joseph Ged a beau camper son rôle de maître de cérémonie, il a le masque devant la presse, et fuse la question fatale : Quels sont les pays qui dans le monde ont opté pour une numérotation spécifique pour la 3G ? «Je n’en connais que deux, la Corée du Nord et le Soudan !» La comparaison a fait mouche. Elle a provoqué la réaction courroucée des autocrates. Démasqués ! La double puce est un sinistre commercial et sociétal majeur. Une double peine pour les abonnés. La 3G leur coûtera plus cher, car elle coûtera plus d’infrastructures chez leur opérateur et des terminaux plus spécifiques chez eux. Elle sera inconfortable avec le jonglage entre deux puces et deux numéros. Un avortement annoncé.

 

L’ARPT, l’agence qui régule les télécoms, a tenté un alibi. La double numérotation exigée permet de donner de la visibilité aux chiffres d’affaires des opérateurs. Celui de la 2G séparément de celui de la 3G. Ridicule, disent les professionnels. Un abonné 3G consomme alternativement du réseau 3G et du réseau 2G en fonction de sa mobilité. La transparence comptable est dans le flux réseau pas dans l’identification carte SIM. Le passage de la 2G à la 3G est une simple extension de service. En réalité, la vraie motivation d’une telle mesure est sécuritaire. L’appareil militaro-policier algérien veut ficher séparément les futurs utilisateurs de la 3G. Ce sont, dans sa paranoïa «Brejnevoïd» de potentiels accoucheurs d’un printemps algérien.

 

Les opérateurs ont proposé de ne donner l’extension 3G qu’aux abonnés 2G dont l’identification sur leur base de données est claire. Un compromis correct qui permet aux officines et à la ministre des PTIC de sortir du ridicule planétaire de l’alignement sur Pyongyang et Khartoum. Mais c’est peut-être une illusion que de croire qu’Alger qui a retardé de 5 ans l’autoroute des données, prétend à un sort civique digne dans le concert des nations.

 

Qui peut encore sauver l’Algérie de l’infamante double numérotation sécuritaire ?

 

Sans doute pas Mme Zhora Derdouri, la ministre des PTIC venue du froid. Avant elle, à ce poste, Moussa Benhamadi, dirigeant du FLN et député, avait manqué de courage politique pour dire tout haut ce qu’il admettait dans le privé : que l’entêtement à vouloir acheter Djezzy était une erreur, que le quasi-monopole public sur Internet à travers Algérie Télécom était intenable et surtout pour en tirer les conséquences pratiques. Il a été le ministre du statu quo. Mme Derdouri fait bien pire.

 

Elle anticipe les desiderata du clan présidentiel dont tout le monde sait qu’elle est la protégée et surenchérit les exigences liberticides des services de sécurité. Partie à Tunis à la mi-novembre pour évoquer l’expérience algérienne dans la construction d’un environnement économique performant avec les TIC, elle a choqué un public de professionnels qui l’a conspuée. Elle a déclaré, sabre au clair, qu’en Algérie le métier du GIX — une plateforme qui permet des réductions de coûts grâce aux interconnexions directes — est réservé aux acteurs publics. Une autre hérésie nord-coréenne. Partout dans le monde où les TIC marchent, le GIX est un partenariat public-privé. Oublions un instant Mme Derdouri. Qui d’autre ? Les opérateurs sont coincés. Mobilis est public et ne parle pas. Djezzy est fragile et ne veut pas gêner une ministre «mainsteam». Ooredoo est déjà accusée d’en avoir trop dit. Il reste peu d’acteurs indépendants dans le secteur des TIC algériens, à l’inverse par exemple de celui de l’énergie où les points de vue critiques sont heureusement encore audibles. Un pionnier a peut-être tout compris.

 

Nouar Harzallah, le PDG de Epaad, s’est redéployé à Tunis depuis qu’il a été évincé de l’accès internet par Algérie Télécom pour un conflit commercial pour lequel il a finalement obtenu gain de cause à la Cour suprême en décembre dernier. Il s’est replié sur son métier de développeur de contenus, avec des solutions indépendantes des diffuseurs. Pour lui, le territoire des TIC est infréquentable en Algérie pour des acteurs innovants et ambitieux. Un homme peut, peut-être encore, agir pour libérer l’économie de l’internet mobile et du développement numérique. Le président de l’ARPT. C’est une mauvaise blague. Il a été choisi par Mme Derdouri.

 

 

source : http://www.elwatan.com/chroniques/analyseeco/brejnevoid-vs-android-la-3g-algerienne-sous-couveuse-politico-securitaire-02-12-2013-237102_174.php

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