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Un projet qui divise les spécialistes


Invité salimdz

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Usine de dessalement de l’eau de mer d’El Hamma (Alger)

 

Un projet qui divise les spécialistes

 

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Fini le stress hydrique pour les Algérois ! D’une distribution perturbée un jour sur trois, la capitale et ses banlieues seront alimentées tous les jours et toute la journée, et ce, grâce à la station de dessalement de l’eau de mer d’El Hamma (Alger), qui sera inaugurée demain par le président de la République.

 

Le chef de l’Etat aura à actionner un bouton poussoir qui se trouve dans la chambre de contrôle de cette usine pour refouler l’eau dans le système de l’Algérienne des eaux (ADE). Les habitants de la capitale du pays bénéficieront ainsi d’une quantité supplémentaire de 200 000 m3/j d’eau potable grâce à cette unité, première en Afrique en termes de capacités. Difficile de ne pas songer à s’approvisionner grâce à l’eau de mer qui est abondante, lorsque la pluviométrie vient à manquer. Et si beaucoup doutent déjà de sa propreté, d’autres affichent d’autres craintes. S’il est admis que l’unité d’El Hamma permettra, à coup sûr, d’en finir avec le stress hydrique, il n’en demeure pas moins que sa mise en service suscite des appréhensions. Cette option est décriée par de nombreux scientifiques au vu notamment des coûts qu’elle induit et des dangers qu’engendrent les effluents sur l’écosystème marin. Dans un rapport consacré aux usines de dessalement d’eau de mer dans le monde, le Fonds mondial pour la nature (WWF) ne cache pas son inquiétude : extraire le sel de l’eau de mer pour pallier un manque d’eau potable est en train de devenir une panacée. Mais, cette solution, selon WWF, représente une menace potentielle pour l’environnement et ne fera qu’aggraver les changements climatiques.

 

Les appréhensions des scientifiques

De l’avis de cette organisation, dessaler l’eau de mer est un procédé qui coûte cher, consomme beaucoup d’énergie et rejette dans l’atmosphère des tonnes de gaz à effet de serre. « Le recours à ces nouvelles technologies, par ailleurs de plus en plus accessibles, ne va pas sans conséquences pour l’environnement », avertit dans son rapport WWF. Cette organisation estime que les activités intensives de dessalement peuvent provoquer le développement de saumures et entraîner la destruction de précieuses régions côtières, et ainsi contaminer la vie marine, les cours d’eau, les zones humides, les eaux souterraines et plus généralement les écosystèmes qui assurent l’épuration de l’eau et la protègent contre les catastrophes. Le Pr Abdelouahab Chouikhi, spécialiste en pollution et en écotoxicologie marine, contacté par nos soins en Turquie, tire lui aussi la sonnette d’alarme quant aux conséquences qu’engendrera la mise en service de l’unité de dessalement d’eau de mer d’El Hamma. En scientifique averti, M. Chouikhi dit avoir déjà attiré l’attention des pouvoirs publics sur le mauvais choix du site de l’usine de dessalement d’El Hamma, et ce, avant le démarrage de sa construction. M. Chouikhi appréhende pour ce qui est de cette station deux problèmes importants durant le fonctionnement de cette usine : d’une part le prix de revient du m3 d’eau dessalée qui sera élevé en raison de l’usage plus important de réactifs chimiques d’autre part l’usine subira des arrêts plus fréquents dus à la mauvaise qualité de l’eau de mer captée. L’autre crainte de cet expert en environnement est que les effluents liquides des unités de dessalement rejetés sans traitement en mer engendreront des dangers potentiels cachés par leurs effets virulents sur les écosystèmes. Il s’agit notamment, selon lui, des effets d’empiétement et de l’entraînement des organismes marins dans des systèmes de refroidissement des condenseurs et de l’impact des saumures, de la caléfaction des produits chimiques résiduels et leurs produits de conversion (acides, métaux lourds, les biocides, détartrants, anticorrosion…). M. Chouikhi avertit, qu’atténuer les effets virulents des unités de dessalement sur les écosystèmes marins nécessite de faire le choix des sites judicieux, tout en combinant les critères techniques et économiques, les incidences sur l’environnement, les coûts et les facteurs politico socio-humains. Un travail qui exige, explique-t-il, « la mise en place d’une équipe multidisciplinaire non seulement pour ouvrir l’étude de ses différents éléments, mais également aborder les interdépendances qui puissent exister entre eux ».

« Des préjugés », selon les concepteurs

Or, selon les concepteurs de la grande station d’El Hamma, toutes les études ont été effectuées avant même la décision de la conception de l’usine. Une série d’études a été faite par des cabinets anglo-saxons auxquels se sont associés des cabinets algériens, notamment sur la qualité de l’eau de mer, sur la faune, la végétation marine, le fond marin, le spectre du courant marin, l’environnement… Avant la décision de la construction de l’usine, selon le PDG de l’entreprise Algerian Energy Compagny (AEC), M. Amene Allah Sari. Et ce n’est qu’une fois ces études se sont avérées concluantes, c’est-à-dire que le dessalement ne présente aucun danger sur la faune et la végétation marine, que le choix du site de l’usine a été décidé. « Rien ne prouve aujourd’hui qu’un risque a été pris dans ce domaine, ce sont beaucoup plus des préjugés », estime M. Sari. Ce dernier tient à rassurer qu’« il n’y a aucun risque, contrairement à ce que pensent certains, en raison notamment de la présence du port à côté du site d’El Hamma ». « L’eau est parfaitement saine et permet le dessalement », selon lui. Le seul risque, à ses yeux, « c’est une marée noire, et pour cela il y a des détecteurs de trace des hydrocarbures installés à la prise d’eau de mer ». Pour ce qui des rejets de la saumure en mer, le même responsable indique : « Nous faisons ce que fait la nature, on restitue à la mer la même quantité que nous avons relevée. » Ainsi, précise-t-il, le rejet des effluents liquides ne se fait pas n’importe où. « Cet endroit est choisi en fonction du flux marin pour qu’il y ait une plus grande dispersion de la saumure », explique-t-il. Pour ce qui est des garanties sur la potabilité de cette eau, M. Sari tient à rassurer que « l’eau peut être consommée, car potable ». « L’usine, explique-t-il, est équipée d’un laboratoire qui fonctionne H24 et l’eau est traitée à toutes les phases surtout à la phase de sortie. » Cela en plus d’un contrôle effectué par l’acheteur, l’Algérienne des eaux en l’occurrence. « Le contrôle se fait de manière permanente, de jour comme de nuit, et l’eau qui sort de l’usine pourrait être donnée même aux malades », selon toujours M. Sari. En somme, selon ce responsable, « aucun danger » n’est à craindre pour ce qui est du lieu du site où a été implantée l’usine de dessalement d’eau de mer d’El Hamma. Ni même pour ce qui est des risques sismiques car, selon le même responsable, l’usine est conçue pour un séisme de degré 8 sur l’échelle de Richter. L’avenir nous le dira...

 

source : http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=87851

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